L'identité du lycée est double, comportant un lycée général et technologique ainsi qu’un lycée professionnel ; ces deux unités sont reliées par une forte dominante artistique.

  • Lycée Joseph Savina

    Lycée Joseph Savina - Tréguier

    De séminaire à lycée public en quatre siècles

    Le Lycée Joseph Savina est l’héritier d’une tradition ancienne d’enseignement dans une ville qui compte à peine aujourd’hui 3000 habitants. Ancienne cité épiscopale (l’évêché a été supprimé pendant la Révolution), la ville possède, dès la fin du XVI°siècle, un collège dit de « plein exercice » (on y enseigne de la 7° à la philosophie, alors que dans les collèges « d’humanité » l’enseignement se limitait à l’apprentissage de la lecture, de l’écriture et du calcul).

    XVIIème - XVIIIème siècles

    L’établissement fonctionne au XVIIème siècle comme un séminaire, formant essentiellement les futurs prêtres du diocèse. Il présente un fonctionnement très archaïque, en particulier par l’écart des âges des écoliers : ceux de 7ème par exemple (1779-1791) se dispersent entre l’âge de 6 ans et celui de 18 ans, en philosophie entre 17 et 25 ans.

    L’absentéisme est particulièrement fréquent surtout le mercredi jour de marché, ou les élèves retrouvent leurs parents venus de la campagne environnante, auprès desquels ils se procurent les provisions destinées à améliorer l’ordinaire de la vie au collège.

    Les effectifs dans les dix dernières années qui précédent la Révolution de 1789, oscillent entre 155 et 173 élèves. Le recrutement fait apparaître deux groupes sociaux sur-représentés : la noblesse et la paysannerie : la première fournit 15% des collégiens (2 à 3% de la population), la seconde 50% des effectifs du collège parmi lesquels se recrutent les têtes de classe.

    Les événements révolutionnaires retentissent sur la vie scolaire : les effectifs fléchissent dès la rentrée de 1790, et l’établissement cesse son activité à la fin de 1791, l’ensemble du personnel ayant refusé de prêter serment à la Constitution civile du clergé.

    Du séminaire au Lycée public

    Très proche sur le plan de la formation intellectuelle, la ville possède un second lieu d’enseignement créé au milieu du 17° siècle : le séminaire. Il est fondé en 1649 par l’évêque de Tréguier, Balthazar Grangier, et un chanoine de la cathédrale, Michel Thépault.

    Les bâtiments sont construits entre 1654 et 1672 à l’emplacement de l’actuelle place de la République. L’enseignement est assuré par les Lazaristes et s’adresse aux futurs prêtres de paroisse. Les séminaristes sont peu nombreux, 25 à 30 clercs y entrent chaque année pour une formation assez brève de quelques mois.

    En 1790, la Constitution Civile du clergé impose un seul évêché par département et un seul séminaire par diocèse : celui de Tréguier disparaît.

    À partir de 1792 les bâtiments reçoivent différentes affectations : prison pour les religieuses qui refusent le serment à la Constitution Civile, caserne de gendarmerie, puis sont vendus en 1799 comme bien national.

    En 1821, l’Église rachète les bâtiments pour y installer un « Petit Séminaire » appelé aussi « Collège ecclésiastique ». C’est là que le jeune Ernest Renan fait ses études entre 1832 et 1838 pour aller ensuite dans les séminaires parisiens de Saint- Nicolas du Chardonnet, d’Issy-les-Moulineaux et de Saint-Sulpice. L’écrivain et philosophe évoque dans les « Souvenirs d’enfance et de jeunesse », publiés en 1883, ces quelques années passées au Petit Séminaire de Tréguier.

    Les bâtiments du XVII° siècle, mal entretenus, vont être remplacés par des bâtiments plus modernes (l’actuel lycée) construits dans les jardins du Collège ecclésiastique : la nouvelle chapelle est achevée en 1895, comme le montre la date inscrite au-dessus de l’entrée principale (actuel théâtre de l’Arche).
    La loi de Séparation des Églises et de l’État votée en décembre 1905, déclare propriété de l’État tous les biens ecclésiastiques antérieurs au Concordat de 1801. L’inventaire des biens du Petit Séminaire est mené sous la direction du sous- préfet protégé par cinq brigades de gendarmerie et de quelques soldats : les enseignants sont expulsés et s’installent à Lannion au collège Saint-Joseph. L’ancien séminaire devient dès lors un établissement public d’enseignement en 1908. Il est transformé en EPS (établissement d’Enseignement Primaire Supérieur de 1908 à 1944) puis devient un Collège Moderne (1944 à 1959).

    En 1946 un collège d’enseignement technique est créé. La transformation en lycée mixte remonte à 1960. Il est nationalisé en 1966. Les vieux bâtiments du collège qu’avait fréquenté Renan sont détruits en 1911, et l’espace ainsi libéré devient la place de la République sur laquelle est installée avant la première guerre mondiale un buste de Marianne.

    Aujourd'hui

    Le Conseil Régional décide dans les années 90 la rénovation des bâtiments du lycée lui donnant ainsi une seconde jeunesse.

    L'identité du lycée est double, comportant un lycée général et technologique ainsi qu’un lycée professionnel ; ces deux unités sont reliées par une forte dominante artistique. Elles concentrent de nombreuses et rares spécialités : théâtre, arts appliqués, cinéma audiovisuel, histoire des arts, arts du cirque pour l'un, formations de staffeurs et de tapissier décorateur pour l'autre. C'est un lycée où la création est au centre des apprentissages. Une section des « Métiers du bois » vient compléter la palette de formations du LP.

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