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La grande université de Rennes sur les rails, mais…

Publié le 24 février 2022

Lancement quasi officiel pour l’université de Rennes (Unir), le mercredi 19 janvier. Rennes 1 va se fondre dans cette grande place universitaire rennaise, avec cinq grandes écoles. Mais Rennes 2 entend bien rester Rennes 2.

« C’est à la fois un aboutissement et un point de départ. » Cette fois, c’est sûr, l’université de Rennes (Unir), annoncée chaque année depuis 2017, verra enfin le jour en 2023.

C’est ce qu’ont assuré avec beaucoup d’enthousiasme les présidents et directeurs de Rennes 1, Rennes 2, l’école des hautes études en santé publique, l’école nationale supérieure de chimie de Rennes, l’ENS Rennes, l’INSA Rennes, et Sciences-Po Rennes, lors d’une conférence de presse en forme de lancement officiel, ce mercredi matin 19 janvier 2022, à Rennes.

« L’objectif : faire émerger une grande université de recherche et de formation reconnue internationalement, résume David Alis, président de Rennes 1 (sciences, droit, économie, philosophie…). Nous sommes plus fort ensemble, nous disposons de complémentarités. C’est un site rennais, mais il s’agit en fait d’un site Breton, car nos campus sont implantés à Saint-Malo, Saint-Brieuc, Lannion… »

60 000 étudiants dans une seule université

Les 7 établissements seront regroupés au sein d’un « Établissement public expérimental » (EPE), pesant près de 7 000 personnels et enseignants, dont un millier de chercheurs, 156 laboratoires de recherche et 60 000 des 68 000 étudiants que compte la capitale bretonne, dont 7 000 étudiants internationaux (1). Avec l’idée de « favoriser toutes les synergies », notamment entre les disciplines, pour « répondre aux grands défis contemporains » : numérique, environnement, santé…

Six ans après l’échec du projet de fusion entre Rennes 1 et 2 en 2015, deux ans après la tentative avortée d’un premier rassemblement au sein de l’université Bretagne Loire (dissoute en décembre 2019), ce nouveau regroupement doit permettre « une signature commune » (« Univ Rennes ») pour les publications scientifiques, donner naissance à « une marque collective, qui rayonne, qui attire ». Il pourrait s’accompagner de 35 millions d’euros de subventions de l’État, dans le cadre du programme « investissements d’avenir » (PIA).

L’UNIR a été recalé pour obtenir ce financement en juin 2021. « Mais nous recandidaterons en deuxième vague début février, promet David Alis. L’EPE constitue un atout dans notre nouvelle réponse. »

Rennes 2 simplement associée

Pour Jean-Emile Gombert, ancien président de Rennes 2 de 2011 à 2015, l’Unir est ainsi vouée à demeurer « une coquille vide, guère plus que la coopération entre établissements qui existe déjà. Comment envisager un regroupement d’universités… qui ne regroupe pas les universités ! »

Des arguments que balaie Isabelle Pellerin, vice-présidente en charge de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation à Rennes métropole : « Les transformations ne se font pas en un claquement de doigts. On arrive aujourd’hui à un projet équilibré qui convient à la réalité de chacun des établissements, composantes ou associés. » « Rennes 2 entend bien participer à la dynamique déjà enclenchée », ajoute sa présidente Christine Rivalan-Guégo.

Le 8e pôle d’enseignement supérieur en France

« Tout ce qui conduit à une plus forte intégration des établissements contribue, par une meilleure visibilité du site, à faire valoir les forces académiques et scientifiques à toutes les échelles, nationale, européenne et internationale. Gageons que cette nouvelle étape fasse rayonner encore davantage le 8e pôle d’enseignement supérieur qu’est Rennes en France », prêche aussi Olivier David, longtemps cheville ouvrière du projet en tant que président de Rennes 2 de 2015 à 2021… avant de devenir vice président de la Région Bretagne en charge de la vie étudiante et de l’enseignement supérieur.

David Alis martèle que « chaque établissement, composante ou associé, aura toute sa place dans la gouvernance ». Les statuts seront définitivement votés à l’été 2022. Et l’EPE étant, comme son nom l’indique, expérimental, un bilan sera tiré en 2027.

« Qui connaît l’université d’Oxford 3 ? Stanford 2 ? »

L’Unir ne redoute-t-elle pas de vivre la même mésaventure que l’université de Paris, sommée de changer de nom par le Conseil d’État, suite à la requête de l’université Paris-II Panthéon-Assas qui contestait « la captation d’un nom collectif » ?

« La situation de Rennes est très différente de celle de Paris, où 17 universités se disputent ce nom », répond David Alis, confiant dans ses relations avec Rennes 2.

« Qui connaît l’université d’Oxford 3 ? Stanford 2 ? On est dans une compétition internationale. Vue de très loin, la structuration des sites français est un peu étrange avec toutes ces dénominations, estime aussi Emmanuel Ethis, recteur de Bretagne. Et nous avons une responsabilité collective à avoir un positionnement international avec un nom très identifié. » L’université de Rennes donc. Sans son numéro 2.

(1) Les organismes de recherche présents à Rennes, le CNRS, l’INRAE, l’Inria, l’Inserm et le CHU, souhaitent également être partenaires de l’Unir.